Avant que vous lisiez la suite de mon article, je vous propose de visionner ce reportage, d’une durée d’environ 10 minutes.
La question de la peur en avion est porteuse en terme d’intérêt du public, elle fait vendre du papier et capte immédiatement l’attention car elle concerne finalement la majorité du public à des niveaux différents : 50% des Français ne prendront jamais l’avion et 30% des passagers ne se sentent pas à l’aise dans les airs.
Les spectateurs s’identifient aux victimes, que ce soit celles victimes d’accidents ou celles victimes de la peur en avion. Ceci étant notamment lié au fait que les accidents ou problèmes liés à l’aviation soient « surmédiatisés » par rapport à d’autres thématiques moins « sexy ».
Le stage S’envoler Sans S’affoler a plusieurs fois été filmé durant ses 35 ans d’existence : de nombreux articles de journaux et de magazines locaux ou internationaux lui ont été consacrés. Dans ce cas, cette surmédiatisation a permis au public de connaître l’existence de moyens accessibles à tous afin de se soulager de cette souffrance, qu’est la peur, mais aussi de sensibiliser les « non-phobiques » à l’existence de ce problème.
Lorsqu’un journaliste me contacte, j’essaie de déterminer si oui ou non, je pourrai lui faire confiance. Les critères sont difficiles à définir puisque finalement, je n’ai que sa parole et qu’une fois les images tournées, il pourra effectuer des montages et insérer des commentaires sur lesquels je n’aurai aucun contrôle.
Je citerai l’exemple d’une grande chaîne de télévision privée française qui après avoir tourné 3 jours sur le stage, il y a 5 ans, a décidé de ne pas publier le reportage car il n’y avait que du positif donc aucun intérêt dramatique, rien de croustillant à montrer au public…
En revanche, une télévision régionale avait envoyé une stagiaire qui, elle, a réussi à montrer exactement les enjeux de chaque composante du stage et à suivre l’évolution en direct d’une participante. Cette émission a été une aide pour la participante qui, depuis, a continué à progresser de façon exponentielle, jusqu’à voler dans de tout petits avions (et tomber amoureuse d’un pilote au passage).
Le tournage de France 2 en mai 2015 s’est très bien déroulé. Au début seules 2 personnes avaient donné leur accord pour être filmées et suivies. Puis, la journaliste empathique, respectueuse et chaleureuse s’est si bien intégrée à toute notre équipe au fil des 3 jours de stage que finalement presque tous les participants ont accepté d’être filmés.
Ceci est difficile pour les participants pour 3 raisons : tout d’abord, ils sont très fatigués pendant ces 3 jours car ils utilisent toute leur énergie pour créer leur peur et pour essayer de la conserver car elle est partie prenante de leur « histoire » malgré tout ce qu’ils apprennent. De plus, y résister est épuisant. Pour finir, la présence de la journaliste les déconnecte de leur peur.
Ce mix fait qu’ils sont éprouvés physiquement par les sensations de peur, les symptômes, les maux de tête, les crispations, les difficultés à respirer etc… les journées de stage sont longues. Ils ne pourront donner à la caméra qu’une image d’eux-mêmes qui n’est pas la plus facile à offrir ; Exposer son mal être et sa souffrance aux yeux du monde ne se fait pas sans se poser de question.
Lors de la visualisation du reportage avec des personnes qui ne connaissent pas le stage de l’intérieur, je me suis rendue compte que les spectateurs ne comprennent pas le déroulement des 3 jours de stage en raison de la première partie du reportage qui commence par montrer tout de suite le décollage du vol du dernier jour avec la crise de panique de l’une des participante. Cette image étant à nouveau montrée en fin de reportage, le spectateur risque de retenir cet aspect comme leitmotiv. On m’a demandé alors, par exemple, pourquoi commencer le stage par un vol sans préparer les participants ?
Malgré tout, j’ai reçu de nombreuses propositions après la diffusion du stage de personnes qui aimeraient venir aider à coacher pendant les vols. Un autre côté positif de ce reportage est que les personnes filmées n’ont pas été blessées par le montage et que les images diffusées montrent bien la terreur sur le visage des participants lorsqu’ils montent dans l’avion pour le vol aller avec leur coach. Cette terreur nous permet de visualiser le monstre qu’ils créent et qu’ils s’apprêtent à affronter, elle permet aux gens ne souffrant pas d’aviophobie de se rendre compte à quel point quelqu’un peut souffrir de ce maux.
Malheureusement, il est dommage de ne pas avoir montré les mêmes visages, pleins de joie, de bonheur, de rires, d’espoir, de fierté à la sortie du vol retour : avec la danse, le chant de la Victoire entamé par tous lors du débriefing accompagné de cornemuse.
J’ai proposé à la journaliste de me transmettre ses rush du débriefing pour que je puisse en faire un petit montage afin de l’ajouter au lien du reportage dans le but d’être exhaustif et complet.
Je vous tiendrai au courant dès la récéption de sa réponse.
–Fabienne Regard–
S’envoler Sans S’affoler